Dans l’éclat saturé des néons et le chaos coloré du n’importe quoi, s’invente la liberté joyeuse de ceux qui désobéissent au temps
Avec Izakaya, Aurélie Quentin poursuit une exploration sensible du rapport au temps, amorcée dans ses précédentes œuvres inspirées de La Réunion, son île natale. Dans ces portraits tropicaux, elle esquissait déjà une forme de résistance douce à la cadence imposée, en célébrant l’art de l’Oisiveté comme une posture critique face à un monde obsédé par l’efficacité.
Cette nouvelle série prolonge cette réflexion dans un tout autre contexte: celui du Japon urbain et nocturne. Fascinée par les izakayas — petits bars de quartier, hauts lieux du n’importe quoi, où l’on vient, le soir, relâcher la pression — l’artiste y perçoit des espaces de liberté discrets mais essentiels. Des lieux où, après les contraintes sociétales et les journées de travail rigoristes, les corps se détendent et les esprits s’évadent. Ce sont ces instants, souvent banals, parfois absurdes, toujours profondément humains, qu’elle choisit de mettre en lumière.
With Izakaya, Aurélie Quentin continues her delicate exploration of our relationship to time, a theme she first approached in earlier works inspired by her native island, La Réunion. Through tropical portraits, she began sketching a gentle form of resistance to imposed rhythms, celebrating the art of idleness as a quiet critique of a world obsessed with productivity.
This new series extends that reflection into a completely different setting: the urban, nocturnal landscape of Japan. Fascinated by izakayas — small neighborhood bars, vibrant havens of delightful nonsense where people gather in the evening to let go — the artist sees them as discreet yet essential spaces of freedom. Places where, after rigid workdays and social constraints, bodies unwind and minds begin to drift. It’s these moments — often mundane, sometimes absurd, always deeply human — that she chooses to bring into the light.
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Caneton casqué
Lard suspendu
Ses toiles, denses et saturées, restituent l’encombrement joyeux de ces intérieurs minuscules, où s’entassent objets kitsch, lanternes, boissons mystérieuses, souvenirs et bizarreries du quotidien. Cette surcharge visuelle devient une autre forme de résistance : celle du désordre, du vivant, de l’imparfait. Loin de toute épure zen, l’univers qu’elle peint est celui de l’accumulation poétique, du Wabi Sabi, où la beauté se niche dans l’usure, l’impermanence, et l’inattendu.
Izakaya devient alors le théâtre d’un temps suspendu — un temps affranchi de l’utile, où l’instant présent retrouve toute sa valeur. Entre foisonnement visuel et humour discret, Aurélie Quentin célèbre ces bulles sociales où chacun peut, l’espace d’un verre, d’une discussion ou d’un silence partagé, se reconnecter à soi et aux autres. Dans cette peinture intensément vivante, elle célèbre des bulles d’humanité où l’imperfection, l’absurde et le lâcher-prise deviennent formes de poésie — et peut-être, formes de résistance. Une peinture du répit, de la surcharge joyeuse, et de la liberté légère.
Her canvases, rich and saturated, echo the joyful clutter of these tiny interiors, where kitsch objects, lanterns, mysterious drinks, memories, and everyday oddities pile up. This visual overload becomes another form of resistance — one rooted in disorder, life, and imperfection. Far from any minimalist zen, the universe she paints is one of poetic accumulation, of wabi-sabi, where beauty is found in wear, impermanence, and the unexpected.
Izakaya thus becomes a stage for suspended time — a time freed from usefulness, where the present moment regains its full value. Through vibrant excess and discreet humor, Aurélie Quentin celebrates these social bubbles where, over a drink, a conversation, or a shared silence, one reconnects with oneself and with others. In this intensely alive painting, she celebrates spaces of humanity where imperfection, absurdity, and letting go become forms of poetry — and perhaps, of resistance. A painting of respite, joyful overload, and light-hearted freedom